Maintenons le lien #SantéSolidaire _Pour ce dernier jour du mois sans tabac, La Mutuelle Familiale vous propose le témoignage d'un médecin tabacologue dans l’accompagnement d’un malade dans l’arrêt du tabac. Quel est son rôle ? Comment s’y prend-il avec le patient ?
"Monsieur, nous vous avons diagnostiqué une maladie respiratoire grave due à votre tabagisme. Il est bien évident que vous arrêtez de fumer dès aujourd’hui !"
Interne en médecine à l'époque, j'avais entendu le patron hospitalier faire cette annonce terrible au patient.
Comment cet homme de 50 ans, choqué après avoir appris qu'il souffre d’une maladie grave, pouvait-il arrêter de fumer sur le champ comme un animal domestique obéissant à son maitre ?
Moi, l’ex-fumeur ayant arrêté de fumer 3 ans auparavant, j’avais mis 12 mois pleins pour acter ma décision, pesant le pour et le contre, le plaisir versus le déplaisir, le bénéfice de l’arrêt contrastant avec la sensation de perte.
Et puis, ma dernière cigarette fumée le dimanche soir, j'étais devenu non-fumeur le lundi matin.
La scène dont j'avais été témoin à l'hôpital me fit réfléchir sur l'accompagnement et l'aide à apporter aux patients fumeurs porteurs de pathologies respiratoires.
Pneumo–allergologue depuis vingt ans, je soigne des patients ayant des pathologies créées ou aggravées par l’environnement. La question rituelle autour de leur statut tabagique est toujours posée : non-fumeurs, ex-fumeurs ou fumeurs ? S'ils sont fumeurs, le questionnement autour de leur désir d’arrêt se pose immanquablement.
Ma démarche de prise en charge a évolué au fil du temps, de l’obligation impérative d’arrêter en cas de maladie des poumons à l'accompagnement et l'aide pour des patients désireux d’arrêter.
On me demande souvent de préciser mon rôle sachant que plus d’un fumeur sur deux arrête seul (Baromètre Santé 2007).
Je ne fais pas arrêter de fumer, ni disparaître les envies de fumer qui parfois persistent longtemps.
Mon rôle est d’accompagner et de conseiller le candidat à l’arrêt dans sa démarche.
Les parents n’apprennent pas à leur enfant à marcher ; ils l’aident à trouver son équilibre, à éviter qu’il ne tombe.
Je suis comme les parents, conseillant, rassurant, répondant aux interrogations, travaillant sur la durée afin de permettre la réussite d’un sevrage apaisé.
Source : La Fédération Nationale de la Mutualité Française
Article mis en ligne : le 30 novembre 2020